
Périphérique à 50 km/h : quel bilan ?
Voilà une mesure qui n’a laissé aucun Francilien indifférent : depuis le 1er octobre, le périphérique parisien est limité à 50 km/h.
Ce fameux « périph » entoure la capitale sur environ 35 kilomètres et est emprunté chaque jour par 1,2 millions de véhicules !
Quel est le bilan de cet abaissement de la vitesse, 5 mois après son instauration ?
Pourquoi cette réduction de la vitesse maximale ?
Cette réduction de la vitesse, initiée par la ville de Paris, poursuit un objectif clairement affiché : améliorer la qualité de vie de 550 000 habitants qui vivent en bordure de périphérique et subissent la pollution de l’air et les nuisances sonores.
Des bénéfices étaient aussi attendus en matière de régulation du trafic. La baisse de vitesse devait réduire les accélérations et les décélérations et donc fluidifier le trafic en évitant l’effet accordéon qui provoque les embouteillages.
Enfin, la ville de Paris anticipait une baisse de l’accidentologie sur le périphérique parisien.
Une mesure qui s’inscrit d’ailleurs dans une forme de continuité : on roulait historiquement jusqu’à 90 km/h sur le périphérique, puis la vitesse maximale a été abaissé à 80 km/h en 1993, puis 70 km/h en 2014.
Pourquoi cette mesure a-t-elle fait polémique ?
En septembre 2024, à l’annonce de la mesure, les oppositions ont manifesté leur mécontentement. La décision de la mairie de Paris a été jugée brutale et imposée sans concertation.
Au-delà d’un éventuel problème de méthode, cette polémique a mis en exergue des visions différentes de la mobilité.
La place de la voiture individuelle est notamment questionnée dans un environnement urbain qui offre des alternatives pour se déplacer de façon plus vertueuse (transports en commun, vélo…). Rappelons que 80% des véhicules qui empruntent le périphérique ne transportent que leur conducteur.
Ce sujet de la vitesse sur le périphérique engendre le même type d’arguments et de réactions que dans le débat sur les zones à faibles émissions (ZFE-m).
Agnès Pannier-Runacher, la ministre de la transition écologique avait même jugé cette mesure de baisse de la vitesse du périphérique comme étant « anti-sociale ».
Quels sont les résultats de cette décision ?
Sortons du côté passionnel de ce débat et regardons la réalité brute des chiffres, quelques mois après l’instauration de cette nouvelle vitesse maximale.
Les chiffres ci-dessous sont issus des travaux de l’APUR1 (atelier parisien d’urbanisme). Ils comparent les données des 5 derniers mois par rapport à la même période de l’année précédente.
- Moins de nuisances sonores :
L’objectif est atteint pour les nuisances sonores avec une réduction enregistrée de 2,6 dB(A), soit environ -3,2% de bruit.
Cette baisse de la pollution sonore est particulièrement notable la nuit, ce qui améliore la qualité de vie des riverains.
- Moins de pollution de l’air :
Sur les 5 premiers mois, la pollution de l’air baisse de 6% pour les particules fines et de 12% pour le dioxyde d’azote.
Une excellente nouvelle à lire avec prudence car la pollution de l’air est multifactorielle. Imputer ce résultat exclusivement à la mesure de réduction de la vitesse serait inopportun. Il faudra suivre les résultats sur la durée pour s’assurer de la dynamique en cours.
- Moins d’embouteillages :
Le nombre d’heures de congestion est en recul de 16% sur les 5 derniers mois.
C’est contre-intuitif mais réduire la vitesse maximale fluidifie bien le trafic et évite des embouteillages. Une excellente nouvelle aussi pour les conducteurs qui empruntent régulièrement le périphérique.
- Une vitesse moyenne quasi équivalente (en journée) :
On aurait pu imaginer que cette réduction de la vitesse maximale entraînerait une baisse générale de la vitesse et donc une augmentation des temps de parcours. Ce n’est pas le cas.
En journée, la vitesse moyenne sur le périphérique passe de 37,6 km/h à 35 km/h. Le différentiel est plus important la nuit avec une vitesse moyenne qui passe de 60 km/h à 50 km/h.
Avant l’instauration de la mesure, la ville de Paris rappelait qu’en moyenne, un conducteur emprunte le périphérique sur 5 kilomètres. Ainsi, une baisse de la vitesse de 20 km/h n’entraîne qu’une perte maximum d’une minute et quarante-trois secondes sur le tronçon parcouru.
- Moins d’accidents :
Les résultats en matière d’accidentologie sont excellents. Les accidents sur le périphérique sont en baisse de 17% sur la période analysée.
D’autres mesures à venir ?
Depuis le 3 mars 2025, les automobilistes du périphérique parisien expérimentent la voie dédiée au covoiturage. Cette voie est en service sur certains tronçons du périphérique, uniquement en semaine et aux heures de pointe (matin et soir).
Elle est réservée aux véhicules avec au moins 2 personnes à bord, aux transports collectifs, ou encore aux taxis et aux VTC.
Ces mesures (baisse de la vitesse et voie covoiturage) font partie des 396 actions qui figurent dans le plan climat 2024-20302 de la ville de Paris.
La transition vers d’autres formes de mobilité ne fait que commencer !
[1] https://www.apur.org/fr/nos-travaux/suivi-evolutions-boulevard-peripherique [2] https://www.paris.fr/pages/plus-vite-plus-local-plus-juste-le-nouveau-plan-climat-de-paris-25469