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Car Policy : les tendances 2025
Face aux évolutions fiscales et réglementaires, aux impératifs de transition écologique, et aux nouvelles attentes des collaborateurs, les politiques « flottes » des entreprises sont en pleine mutation.
Face aux évolutions fiscales et réglementaires, aux impératifs de transition écologique, et aux nouvelles attentes des collaborateurs, les politiques « flottes » des entreprises sont en pleine mutation. Fiscalité, TCO, électrification, nouvelles solutions de mobilité…
David DECULTOT, Responsable du Département Consulting au sein d’Ayvens France, nous livre son regard sur les principales tendances pour 2025.
Que sait-on des évolutions de la fiscalité et du TCO en ce début d’année ?
David DECULTOT : Généralement, nous sommes fixés en décembre sur les éventuelles évolutions fiscales à prendre en compte pour l'année suivante.
Cette année, comme vous le savez, nous sommes dans une configuration très particulière puisque la loi de finances vient tout juste d’être adoptée via l’article 49.3.
Nous étions déjà fixés sur certaines dispositions prises précédemment par décret. Je pense par exemple à l'arrêt du bonus concernant les véhicules utilitaires électriques. Les entreprises avaient déjà perdu le bénéfice du bonus écologique sur les véhicules particuliers en février 2024, elles n’en bénéficient plus, non plus, sur le véhicule utilitaire depuis début décembre.
De la même manière, certaines évolutions étaient déjà connues, comme la Taxe à l’Affectation des Véhicules à des Fins Economiques (ex- TVS), dont les barèmes 2025, 2026 et 2027 figuraient déjà dans la loi de finances 2024. A noter au passage : les véhicules hybrides et hybrides rechargeables ne sont plus exonérés de cette taxe.
Ensuite, il y a certaines dispositions qui viennent d’être adoptées avec la loi de finances 2025. Cette dernière prévoit notamment un nouveau durcissement du Malus CO2 pour 2025, 2026 et 2027.
Est-ce que ces évolutions fiscales de 2025 sont de nature à favoriser la progression du véhicule électrique ?
Il convient de distinguer la question des véhicules utilitaires légers (VUL) et celles des véhicules particuliers (VP).
Concernant le véhicule utilitaire, nous avons eu la « mauvaise nouvelle » de la suppression du bonus écologique. Cela ne va pas aider les entreprises ayant des flottes d’utilitaires à électrifier. En revanche, ces entreprises pourraient avoir recours au dispositif du CEE (Certificats d’Economies d’Energies) pour bénéficier d’aides au financement de leurs véhicule électriques, utilitaires notamment. Les modalités restent néanmoins encore à préciser.
Concernant les véhicules particuliers, nous constatons que le véhicule électrique conserve encore bon nombre d’avantages en matière de fiscalité. Je pense notamment à l'absence de malus, à l'exonération de la TVS, et à l'exonération aussi sur le malus au poids (en 2025). C'est également un élément important.
Et puis, comme l’a annoncé le gouvernement Bayrou début janvier, les véhicules 100% électrique conservent l'abattement de 50% sur les avantages de nature. C’est une très bonne chose, de nature à encourager les entreprises ayant des véhicules de fonction à verdir leur flotte.
D’autres dispositions fiscales sont-elles à surveiller en 2025 ?
Tout à fait, il y a notamment un élément de la fiscalité sur lequel il me paraît important de revenir, il s’agit du malus au poids.
Le malus au poids démarre actuellement à partir de 1600 kg. Les véhicules électriques en sont exonérés, mais ce n’est plus le cas pour les véhicules hybrides rechargeables, ils sont désormais concernés (tout en bénéficiant toutefois d’un abattement).
Ce malus au poids commence à avoir un impact non négligeable sur le TCO. Je pense notamment à des véhicules de fonction de catégorie supérieure ou aux véhicules de direction, thermiques et même désormais hybrides rechargeables. Le malus au poids peut ainsi parfois atteindre des montants considérables, plus de 10 000 euros dans certains cas. Cela commence à peser très lourd dans le TCO.
Les gestionnaires de flotte qui avaient déjà les yeux rivés sur le CO2, vont devoir maintenant suivre de très près également le poids des véhicules !
Ce n'est pas une mauvaise chose en soi. On a en effet vu ces dernières années les véhicules prendre énormément d’embonpoint. Une réflexion collective est nécessaire pour inverser la tendance et revenir à des véhicules un tant soit peu plus « légers ».
A noter : la loi de finances 2025, qui vient d’être adoptée par 49-3, prévoit un abaissement du seuil de déclenchement du malus au poids, passant de 1600 (actuellement) à 1500 kg en 2026.
Par ailleurs les véhicules électriques pourraient, à partir de juillet 2026, ne plus être exonérés du malus au poids (tout en bénéficiant d’un abattement de 600 kg).
Comment les entreprises peuvent-elles agir et anticiper sur ce point spécifique ?
La bonne philosophie selon moi est celle que prônait Colin Chapman, pilote et ingénieur Anglais, fondateur en 1952 de la marque automobile Lotus, sept fois championne du monde de Formule 1.
Sa devise, était « light is right » : avoir la voiture la plus légère pour gagner en compétition !
En effet, si l’on compare les différentes générations de véhicules qui se sont succédé ces dernières années, on constate que les véhicules d’aujourd’hui sont beaucoup plus volumineux/lourds qu’ils ne l’étaient par le passé. Plus volumineux, plus lourds = plus de matière, plus de consommation, plus de CO2 !
Chez Ayvens Consultancy, nous travaillons sur le sujet du « right sizing ». « Le principe du « right sizing » est d’avoir une réflexion avec nos clients sur les avantages qu’ils pourraient avoir à repenser leur politique véhicules, autour de 3 axes : « Think Smart, Think Small, Think Further ».
Ces pistes de réflexion permettent de répondre aux besoins de mobilité, tout en optimisant significativement le TCO.
Qu’en est-il des évolutions règlementaires, notamment de la loi LOM ?
Depuis 2022, les entreprises ont des objectifs de verdissement, définis dans le cadre de la LOM (Loi d’Orientation des Mobilités). Elles doivent déclarer chaque année la part de véhicules renouvelés en véhicules à faibles ou à très faibles émissions.
Cependant, jusqu’à présent, il n’y avait pas réellement de sanction (à part le risque d’image) en cas de non-respect des objectifs fixés.
Une première tentative d’instauration de sanctions est intervenue en 2024, avec la proposition de loi du député Adam, qui visait à revoir les règles de verdissement et à introduire notamment un système de pénalités.
Le sujet est à nouveau revenu sur la table fin 2024 / début 2025, avec la mission parlementaire « Flash » sur le verdissement des flottes. Cette mission a remis en janvier une série de recommandations, parmi lesquelles nous retrouvons le principe de pénalités en cas de non-déclaration et en cas de non-atteinte des objectifs.
Le principe vient d’être repris dans la loi de finances 2025 adoptée par 49.3 cette semaine.
L’idée est d’instaurer des pénalités en cas de non atteinte des objectifs, concernant les renouvellements de véhicules entre le 1er mars et le 31 décembre 2025 (à déclarer en 2026). C’est un tournant majeur.
D’autres règlementations sont-elles à surveiller en 2025 ?
Une autre règlementation devrait également jouer un rôle important en 2025. Il s’agit de la réglementation CAFE1, qui concerne cette fois-ci les constructeurs automobiles.
Depuis le 1er janvier 2025, les constructeurs automobiles ont en effet un nouvel objectif : baisser à nouveau de 15 % les émissions de CO2 sur les véhicules neufs vendus en Europe, sous peine d’importantes amendes.
Cette règlementation vise à accélérer l'électrification. En effet, pour atteindre ces objectifs ambitieux, les constructeurs doivent absolument faire progresser la part des véhicules électriques dans leur mix de véhicules vendus (en Europe).
Les constructeurs sont donc incités à promouvoir davantage les véhicules électriques, notamment au travers de leur politique commerciale. Jusqu'à aujourd'hui, les véhicules électriques bénéficiaient de niveaux de remises assez faibles comparativement aux véhicules thermiques ou hybrides. La règlementation CAFE devrait inciter les constructeurs à un certain « rééquilibrage » de ce point de vue. C'est un élément à suivre et qui devrait favoriser l'accélération de l'électrification.
A noter : le durcissement de la règlementation CAFE risque également d’entrainer la disparition de certaines motorisations thermiques, trop émettrices en CO2.
Existe-t-il d’autres freins à lever pour accélérer l’électrification des flottes ?
L'électrification des flottes demeure un challenge pour beaucoup d’entreprises. Une fois la direction convaincue du bienfondé de l’électrification, tant sur le plan économique (au moins en ce qui concerne les VP) que sur le plan de la décarbonation, il reste à préparer la conduite du changement et l’accompagnement des collaborateurs.
En effet, un certain nombre de collaborateurs peuvent se montrer encore assez « anxieux », voire « réticents », concernant le passage à l’électrique. Les questions de l’autonomie et de la recharge restent encore un frein pour un certain nombre d’entre eux, souvent par méconnaissance du sujet.
Nous réalisons régulièrement des enquêtes pour le compte de nos clients auprès de leurs collaborateurs., et nous nous rendons comptons que le réel frein n’est pas toujours le kilométrage « professionnel ». Parfois, et même assez souvent, le véritable frein se situe davantage au niveau de l’usage personnel (pour les véhicules de fonction). Les collaborateurs effectuent ponctuellement des déplacements importants pour partir en week-end ou en vacances. Des trajets qu'ils ont encore parfois du mal à appréhender en véhicule électrique.
Quelles solutions existent pour lever ce type de freins ?
On peut citer la solution Switch d’Ayvens, qui propose d'inclure, dès le départ, dans le contrat de location du véhicule électrique un nombre de jours dans l'année (par exemple 30 jours) durant lesquels le collaborateur pourra, à la demande, bénéficier d'un véhicule conventionnel pour effectuer ses trajets longue distance.
Prenons par exemple le cas d’une personne habitant la région parisienne et qui va au ski dans les Pyrénées. Aujourd'hui, faire un Paris-Pyrénées, en véhicule électrique, en hiver, avec la « petite famille », cela peut vite devenir entre guillemets une « expédition ». Avec la solution Switch, le collaborateur est rassuré, il sait qu'il va disposer d’un véhicule classique le temps de cette semaine ski. Le reste du temps, il retrouvera son véhicule électrique qui répond amplement à ses besoins de mobilité au quotidien. C'est le gros avantage de cette formule.
Nous proposons également des solutions d'accompagnement concernant la recharge : borne de recharge au domicile et carte de recharge pour recharger lorsque l’on est en déplacement.
La recharge au domicile est un élément très important de l’éco système autour du véhicule électrique. Nous fournissons et installons la borne, et gérons automatiquement la question du remboursement de l’électricité au collaborateur.
Sur la question de la recharge publique, il faut bien prendre conscience que la France fait partie du groupe des pays les plus « avancés » en Europe. Nous comptions en effet à fin décembre plus de 154 000 points de charge publics. Dans ces conditions, il n'y a plus vraiment de soucis à circuler sur l'autoroute, les stations-services étant toutes équipées de bornes de recharge.
Nous continuons également à accompagner les entreprises dans leur communication afin de lever les freins psychologiques qui peuvent subsister concernant le véhicule électrique.
Quels vont être les nouveaux modèles de véhicules à suivre en 2025 ?
Il serait difficile de tous les citer, mais nous avons plusieurs nouveautés intéressantes qui devraient intégrer les flottes en 2025. Nous avons par exemple la nouvelle Citroën E-C3, la nouvelle Renault 5, qui viennent d'être lancées. Dans la catégorie des petits véhicules, citons également le Ford Puma Gen-E.
Le Kia EV3 fait également partie des nouveautés, qui, dans sa version avec la plus grande batterie, annonce une autonomie de 605 km WLTP. En ramenant l’autonomie aux conditions réelles, le véhicule devrait disposer d’environ 450 à 500 km en usage mixte, ce qui commence à devenir plus que correct !
Citons aussi le Skoda ELROQ, la Citroën E-C5, la nouvelle version de la Tesla Model Y. Le Mercedes CLA s’annonce également très prometteur, notamment grâce à ses capacités de recharge rapide et sa plateforme de 800 volts. 2025 est une année avec beaucoup de nouveaux modèles électriques. Le choix continue à s'élargir !
Et la Mobility Policy ?
Le passage d’une logique de « Car policy » à une logique plus large de « Mobility Policy » est une tendance qu'on a vu émerger ces dernières années et elle se poursuivra en 2025.
Il y a une réelle logique à proposer aux collaborateurs un éventail plus large de solutions de mobilités.
On constate en effet que la solution « véhicule de fonction » n’est pas forcément la meilleure solution pour tous les collaborateurs. Certains d’entre eux, bien qu’éligibles à un véhicule de fonction, en ont parfois un usage assez limité. Ils préfèrent parfois bénéficier d’autres solutions de mobilité : transports en commun, vélo autopartage, train, véhicule de location (…)
On entre ici typiquement dans le cadre du Crédit Mobilité (total ou partiel) que nous proposons avec MOVE (carte de mobilité).
Et puis, pour les trajets domicile-travail, il y a également le Forfait Mobilités Durables qui vise à inciter les collaborateurs (hors flotte) à opter, autant que possible, pour les mobilités plus douces dans le cadre de leurs trajets domicile-travail.
Ce sujet des budgets de mobilité (Crédit Mobilité et FMD), associé à d’autres solutions comme l’autopartage ou le vélo, offre une palette large de solutions de mobilités, permettant aux entreprises de passer progressivement à la multi-mobilité.
En conclusion
Notre ambition première est d’accompagner les entreprises et les aider à résoudre une équation à trois dimensions :
- La dimension « People » : proposer aux collaborateurs des solutions attractives, qui répondent à leurs besoins
- La dimension « Planet » : les aider à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre liés à la mobilité
- La dimension « Profit » : les aider à optimiser leur TCO/TCM (Total Cost of Ownership/Mobility)
- La bonne nouvelle, c’est qu’aujourd’hui, les trois logiques ne s’opposent pas : il est possible de verdir sa flotte, proposer des véhicules attractifs, tout en bénéficiant des meilleurs conseils pour optimiser son TCO/TCM !
1CAFE : Corporate Average Fuel Economy