Restriction de circulation : Paris instaure une Zone à Trafic Limité
Vous habitez dans le 17ème arrondissement de Paris et vous avez un rendez-vous dans le 6ème ? Votre itinéraire en voiture ne passera pas par la place de la Concorde, c’est désormais interdit.
Depuis le 5 novembre, la ville de Paris a mis en en place une Zone à Trafic Limité dans le centre de la capitale. Comment fonctionne cette interdiction ? Quels sont les trajets et les véhicules concernés ? Pourquoi instaurer une telle mesure ?
Tentons d’y voir plus clair dans cet article.
Quel est le principe de cette ZTL ?
Le principe est aussi simple que radical : le trafic de transit n’est plus possible dans les 4 premiers arrondissements de Paris.
Concrètement, traverser l’hypercentre de Paris en véhicule motorisé, sans s’y arrêter, est désormais interdit. Comme le diable se cache souvent dans les détails, regardons plus précisément les modalités d’application de cette ZTL.
Périmètre :
La carte ci-dessous établit le périmètre de l’interdiction.
Périmètre d’application : www.paris.fr
Véhicules concernés :
Tous les véhicules motorisés sont ciblés : voitures, deux-roues, véhicules utilitaires, légers, poids lourds…). Notons que les motorisations électriques ne sont pas épargnées par la ZFL.
En revanche, les mobilités actives, comme le vélo, restent évidemment autorisées.
Déplacements autorisés :
Il reste possible de se rendre dans l’hypercentre de Paris en véhicule motorisé si vous avez quelque chose à y faire.
Par exemple, si vous avez un rendez-vous médical dans la zone, si vous y travaillez, ou si vous rendez visite à des amis qui y habitent, il est encore possible de se rendre dans le cœur de Paris en véhicule motorisé.
En résumé : le trafic de destination est autorisé. Le trafic de transit en interdit.
Dérogations :
Il existe quelques dérogations à cette interdiction. Les professionnels de santé, les véhicules d’autopartage, les taxis et VTC ou certains professionnels (ceux bénéficiant du statut « professionnel mobile ») pourront continuer à traverser la zone sans s’y arrêter.
Application :
Précisions que l’instauration de la ZTL prévoit une période d’adaptation pour aider les usagers à effectuer la transition. Cette période appelée « phase pédagogique » durera 6 mois et aucune verbalisation ne sera réalisée pendant cette transition.
Après ces 6 mois de tolérance, les contrevenants s’exposeront à une amende de 135 euros.
Dans quel but instaurer une ZTL ?
Quelques semaines après l’abaissement de la vitesse du périphérique à 50 km/h, c’est une nouvelle mesure qui ne fait pas l’unanimité chez les automobilistes.
L’instauration de la Zone à Trafic Limité s’inscrit dans la continuité d’autres mesures visant à rééquilibrer le partage de l’espace public. La mairie de Paris explicite cet objectif :
« Le but d’apaiser la circulation et de réorganiser la mobilité en faveur des transports en commun et des mobilités actives ».
Dit autrement, en réduisant la place de la voiture, la marie compte libérer de l’espace pour favoriser l’essor d’autres formes de mobilités plus durables.
Au regard des tensions qui s’exercent entre automobilistes et cyclistes, une réflexion sur le rééquilibrage de l’espace public s’impose. C’est une condition indispensable à l’essor des mobilités actives.
Avec cette stratégie, la mairie de Paris poursuit deux objectifs prioritaires : la décarbonation et la réduction de la pollution.
La ZTL parisienne est-elle inédite ?
La ZTL à Paris n’est pas une première en France. Nantes, Grenoble et Rennes ont déjà instauré ce type de restrictions.
Si ces ZTL restent peu développées dans notre pays, elles sont relativement courantes dans d’autres états européens. Le dispositif est par exemple très répandu en Italie, pays dans lequel quasiment toutes les grandes métropoles disposent d’une ZTL. C’est aussi le cas en Espagne où la ville de Madrid utilise d’un tel dispositif depuis 2018.
D’autres grandes villes européennes ont fait le choix du péage urbain pour limiter le trafic intramuros. Le cas de Londres est emblématique.
Les grandes métropoles européennes font face au même défi de la décarbonation. Pour faire émerger les mobilités durables, elles tentent de réduire la place de la voiture pour redessiner l’espace urbain. C’était d’ailleurs le thème de la semaine de la mobilité 2024 : « l’espace public partagé ».
ZTL : quel bilan dans les villes pionnières ?
LE CEREMA, organisme Français de référence sur le sujet de climat et de territoires, s’est rendu en Italie pour mener une étude d’impact des ZTL déjà en place.
Voici quelques enseignements reçus auprès de ces villes pionnières :
- Les ZFL sont des dispositifs légers et faciles à déployer. Ils ne nécessitent pas de lourds aménagements. Il faut tout de même revoir le plan de circulation général pour signaler les interdictions et prévoir les échappatoires.
- Les transports collectifs, notamment les bus voient leur vitesse moyenne progresser, ce qui les rend plus attractifs au cœur de la ville.
- Contrairement aux idées reçues, ces zones sont propices au développement de l’activité économique. Il est agréable de se promener dans la zone apaisée, ce qui bénéficie aux commerces et aux restaurants.
- Les statistiques de report modal sont excellentes. Une autre étude réalisée en France et citée par le CEREMA montre que sur 10 000 véhicules de transit, 3 500 sont reportés sur d’autres modes, 1 500 contournent avec un autre itinéraire et 5 000 trajets « disparaissent » après la mise en place de la ZTL.
ZFE, ZFL : diversifier sa politique de mobilité
Les règlementations successives le montrent : la voiture individuelle n’est plus la bienvenue partout et tout le temps.
En conséquence, la voiture individuelle ne peut plus être la seule forme de mobilité proposée par l’entreprise pour ses collaborateurs. Une diversification de l’offre de mobilité s’impose pour répondre aux règlementations et aux nouveaux besoins de mobilité des collaborateurs.
C’est précisément ce que permet le passage à une Mobility Policy.
* https://www.cerema.fr/fr/actualites/zones-trafic-limite-ztl-italiennes-retour-visite-turin-cuneo