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Norvège : modèle d’électrification de la mobilité ?

4 min de lectureTechnologie et innovation
Devons-nous attendre des heures aux bornes de recharge lorsque le parc de véhicule sera majoritairement électrique ? Allons-nous avoir suffisamment d’électricité pour recharger nos véhicules ? Comment va se passer l’interdiction des véhicules thermiques en 2035 ?

Et si nous allions voir concrètement ce qui se passe dans un pays qui a déjà largement basculé vers l’électrique en matière de mobilité ?

Direction la Norvège pour une exploration dans le futur !
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10 ans d’avance sur l’électrification des véhicules

Oui, une exploration dans le futur ! Regarder ce qu’il se passe en Norvège, c’est aller explorer ce qui pourrait se passer en France d’ici une dizaine d’années.

10 ans d’avance sur les ventes…

En effet, en Norvège, plus de 80% des véhicules neufs vendus sont électriques. Il y a une petite dizaine d’année, la part des véhicules électriques dans les ventes de véhicules neufs s’élevait à environ 20%, comme en France actuellement.

10 ans d’avance sur l’interdiction de ventes de véhicules thermiques neufs…

En France, les véhicules thermiques neufs seront interdits à la vente en 2035. Cette mesure européenne emblématique vise à donner un signal clair à l’ensemble de l’écosystème automobile.

En Norvège, cette interdiction a été décidée bien avant et s’appliquera concrètement dès 2025. Les constructeurs ont donc dû anticiper pour s’adapter à ce cadre réglementaire.

Quels enseignements tirer de l’expérience norvégienne ?

Un déploiement très progressif

Même si la part de marché des véhicules électriques a connu une croissance exponentielle en Norvège, il y a une inertie forte quant au renouvellement de l’ensemble du parc.

Alors que les véhicules électriques représentent plus de 80% de ventes de véhicules neufs, le véhicule électrique ne représente qu’environ ¼ du parc en circulation.

Le déploiement est ainsi très progressif, ce qui laisse le temps à l’ensemble des parties prenantes et des infrastructures de monter en puissance sereinement.

Nous allons emprunter le même chemin en France. Il y a environ 38 millions de véhicules en circulation sur notre territoire. Chaque année, ce sont un peu moins de 2 millions de véhicules neufs qui sont immatriculés. Le renouvellement complet prendra donc du temps, ce qui assure une électrification progressive et maîtrisée.

Un déploiement permis par des incitations fortes

En Norvège, l’électrification du parc automobile a été catalysée par un ensemble de dispositifs favorable à cette motorisation.

En complément des mesures fiscales, qui ont rendu le véhicule électrique très compétitif, de nombreux avantages ont été réservés aux heureux possesseurs de véhicule électrique. Par exemple, la recharge était gratuite dans de nombreux lieux, des tarifs préférentiels étaient en vigueur pour le stationnement ou les péages. Les véhicules électriques avaient aussi le droit de circuler sur les voies de bus et de taxi.

Malheureusement pour les conducteurs de véhicules électriques, ces mesures sont en train de disparaître progressivement. Ce qui était possible au démarrage devient difficile à conserver avec un usage désormais massif.

C’est notamment le cas pour les finances publiques avec un effet ciseau redoutable : d’un côté une baisse des recettes liées aux taxes assises sur le pétrole et de l’autre une augmentation des dépenses qui subventionnent le véhicule électrique.

Des véhicules rechargés principalement à domicile ou au travail

La tendance que l’on observe en France se vérifie aussi à grande échelle en Norvège. Les Norvégiens recharge quasi exclusivement leur véhicule à domicile ou au bureau. La recharge en itinérance est réservée aux longs trajets.

C’est un recours marginal et ponctuel en complément de la recharge classique à domicile ou au bureau.

En moyenne, sur une semaine classique, un Norvégien charge son véhicule 4,4 fois à domicile et 1,1 fois au bureau.

Des bornes de recharge majoritairement rapides

L’arrivée des véhicules électriques sur les routes norvégiennes s’est accompagnée d’un déploiement important de bornes de recharge.

Pour répondre au besoin ponctuel de la recharge en itinérance, ce sont surtout des bornes de recharge rapides qui ont été installées. On compte 3 000 bornes de recharge publiques et 7 753 bornes rapides1 pour ce pays qui compte un peu moins de 6 millions d’habitants.

En France, nous disposons de plus de 100 000 bornes ouvertes au public et en prévoyons 400 000 à horizon 2030.

Un réseau électrique qui tient

En 2020, la recharge des véhicules électriques en Norvège a consommé 0,52%2 de l’électricité du pays. Un chiffre tout à fait mineur qui ne met pas du tout en risque l’équilibre du réseau.

Certaines études ont montré qu’en France, même avec une mobilité tout électrique, la consommation liée à la recharge ne devrait pas dépasser 10% de la consommation totale du pays.

Baisse des émissions de CO2 et amélioration de la qualité de l’air

Une étude3 très riche a analysé l’évolution des émissions de gaz à effet de serre de la Norvège entre 2012 et 2018, c’est-à-dire en pleine phase d’électrification de la mobilité. Les résultats sont tout à fait spectaculaires.

Alors que le pays a vu ses émissions totales progresser de 1,2% entre 2012 et 2018, les émissions liées au transport ont baissé de 11,6% sur la même période.

Une baisse significative permise par l’électrification de la mobilité.

En plus de la réduction significative des émissions de gaz à effet de serre, les Norvégiens bénéficient désormais d’un air moins pollué en ville. Cet enjeu de santé publique est un co-bénéfice majeur à l’électrification de la mobilité.

L’électrification en Norvège : outil majeur mais pas unique

En Norvège, les évolutions en matière de mobilité ne se sont pas limitées à l’électrification du parc. Cette électrification s’inscrit dans une démarche globale visant à favoriser les mobilités durables.

En parallèle de cette électrification, des villes comme Oslo ont amélioré leurs transports en commun et investi massivement pour développer les pistes cyclables ou piétonniser certaines voies.

Une politique globale autour de la mobilité durable dans laquelle l’électrification des véhicules est un moyen et non une fin.

Une exploration en Norvège qui peut être une source d’inspiration pour notre pays. Nous y serons peut-être dans 10 ans… ou plus rapidement si nous accélérons encore notre rythme de transition.

1https://www.visitnorway.fr/planifier-voyage-norvege/se-deplacer/voiture/vehicules-electriques/

2https://www.lemonde.fr/economie/article/2022/03/07/en-norvege-reine-des-voitures-electriques_6116422_3234.html

3https://www.climate-chance.org/wp-content/uploads/2019/11/cp4-2019_transport-norway-vf-fr_20191003_complet.pdf

Publié le 8 février 2024
8 février 2024
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