Episode 3 | Véhicule électrique : « Borne to be alive ! »
Avec nos voitures thermiques, nous avons pris une solide habitude : s’arrêter au cours de notre déplacement pour faire le plein de carburant dans une station-essence. Ce geste banal est devenu une pratique ancrée.
Par mimétisme, nous avons imaginé que le schéma serait le même pour recharger notre véhicule électrique. Quel malentendu !
Ce malentendu originel est la source de beaucoup de peurs sur la recharge du véhicule électrique : Aurons-nous assez de bornes publiques ? Y aura-t-il des files d’attente interminables devant les stations ? Allons-nous faire exploser la demande en électricité pendant la journée ?
La réalité des usages est pourtant bien différente.
Dans ce troisième article de notre série consacrée au véhicule électrique, tentons d’y voir plus clair en décodant l’univers de la recharge.
Comment recharge-t-on un véhicule électrique ?
Avec le véhicule électrique, la station-service n’est plus au bord de route, elle est à la maison ou au travail.
Avec le véhicule électrique, le plein d’énergie ne se fait pas durant le trajet mais plutôt avant ou après.
C’est un changement de paradigme fondamental qu’il faut poser et bien mesurer pour être en capacité de comprendre les vrais enjeux autour de la recharge.
En effet, selon l’association nationale pour le développement de la mobilité électrique (AVERE) plus de 90% des recharges de véhicule électrique se font à domicile ou au travail.
Cette donnée permet de relativiser la place de la recharge en itinérance. La borne publique accessible durant son trajet n’est pas l’alpha et l’oméga de la recharge.
Où en est le réseau d’infrastructures de recharge ?
Y a-t-il assez de bornes publiques en France ?
Si la borne publique n’est pas l’alpha et l’oméga de la recharge, elle est néanmoins nécessaire pour réaliser des compléments de recharge durant de longs trajets.
En mai 2023, la France a dépassé le cap symbolique des 100 000 bornes ouvertes au public. En septembre, nous avons atteint les 107 937 bornes de recharge. Ces bornes accessibles au public permettent la recharge hors du domicile ou hors du lieu de travail.
Au-delà du nombre brut de bornes de recharge, le maillage s’améliore en devenant plus dense et homogène sur le territoire.
Clément Beaune, le ministre des Transports a annoncé le 27 octobre une enveloppe de 200 millions d’euros pour atteindre 400 000 bornes sur l’ensemble du territoire en 2030.
Clément Molizon, directeur général de l’Avere précise la dynamique en cours : « En 2020, on installait 4 000 points de recharge par an (...) Depuis début 2023, on en installe4 000 par mois ».
Cette accélération fait de la France le deuxième pays européen le mieux équipé, derrière les Pays Bas.
Où se trouvent ces bornes publiques ?
Toujours d’après les chiffres de l’AVERE, le réseau de recharge public se concentre principalement dans les commerces (39%), les parkings (34%) et le long de la voirie (22%).
Ces chiffres confirment l’hypothèse de départ : on ne recharge que marginalement son véhicule au bord de la route durant un trajet.
La station-essence de bord de route est remplacée par une borne présente à chaque arrêt (dans un magasin, sur un parking…) pour profiter astucieusement des arrêts afin de recharger le véhicule.
Cela dit, les bornes ne manquent pas le long des grands axes autoroutiers en cas de long trajet car 99% des stations d’autoroute sont équipées de bornes de recharge rapide, ce qui représente 1 borne de recharge tous les 50 kilomètres.
Bon à savoir : pour localiser les bornes publiques autour de vous, et vous assurer de leur disponibilité, il existe des applications mobiles qui les répertorient.
Qu’en est-il des bornes privées ?
Ce maillage ouvert au public s’ajoute aux « bornes privées » installées chez les particuliers ou dans les entreprises. On en compte plus d’un million selon Enedis, le gestionnaire du réseau de distribution d’électricité.
Avec ce maillage et l’augmentation de l’autonomie des véhicules, la recharge n’est plus un sujet pour la quasi-totalité des déplacements.
Bon à savoir : les bornes privées peuvent se transformer en bornes publiques ! Une manière habile de démultiplier les opportunités de recharge. En effet, des solutions techniques permettent désormais aux particuliers de mettre leur borne privée à la destination du public contre rémunération. Une manière intelligente d’obtenir un complément de revenus tout en densifiant le maillage de recharge sur le territoire.
De quelles bornes parlons-nous ?
La précision est utile : il y a borne publique et borne publique.
Le facteur différenciant est la puissance de la borne, et donc sa capacité à recharger rapidement le véhicule.
On peut essayer de distinguer différentes catégories :
- La recharge « lente » : une puissance équivalente à une prise à domicile, soit environ 2,3 kW. Il faut compter environ 22h pour charger 50 kWh.
- La recharge « accélérée » : puissance d’environ 11 kW. Il faut compter environ 4H30 pour recharger 50 kWh. C’est le modèle qu’on trouve majoritairement sur le réseau.
- La recharge rapide : puissance de 50 kW qui permet, comme l’indique sa puissance de charger 50 kWh en 1h.
- La recharge ultra-rapide : des puissances de 150 kW, voire 350 kW qui permettent de charger 50 kWh en respectivement 20 minutes ou 9 minutes.
Attention, tous les modèles de véhicules électriques ne sont pas conçus pour être chargés sur des bornes ultras rapides. Si vos habitudes de déplacement nécessitent des recharges fréquentes en cours de trajet, mieux vaut considérer ce critère avec attention au moment de l’achat du véhicule.
Est-ce que la recharge est économique ?
C’est une question importante car l’argument économique est souvent avancé pour encourager le passage à l’électrique. Quel est le coût réel de la recharge ? Est-ce réellement moins cher qu’un plein d’essence ?
En résumé, la réponse est oui… mais !
- Oui…
Le coût de l’énergie utilisée au kilomètre est moins cher pour un véhicule électrique que pour son équivalent thermique. Si l’on compare une 2008 version électrique versus version Diesel, l’écart de prix de l’énergie utilisée au kilomètre se situe quelque part autour d’un facteur 2. Dit autrement, la facture de carburant est divisée par 2 en passant à la version électrique de la 2008. C’est tout sauf négligeable !
- Mais…
Attention, le coût de l’électricité utilisée par le véhicule électrique dépend de différents paramètres, notamment du lieu de recharge, de la puissance de la borne, de l’heure ou encore de l’opérateur.
Le spectre est large entre la recharge à domicile (solution meilleure marché) pour laquelle le kWh coûte environ 0,2 euros et la recharge rapide de bord d’autoroute qui peut atteindre 0,6 euros par kWh.
Bon à savoir : il existe des solutions gratuites pour recharger son véhicule électrique, comme les parkings publics, les parkings de la grande distribution, parfois son lieu de travail ou encore son concessionnaire automobile.
Quid de l’autonomie du véhicule ?
Si la recharge du véhicule électrique n’a désormais plus de secret pour vous, il est utile de s’intéresser aussi à la question de l’autonomie des véhicules. Ces deux sujets vont évidemment de pair ! Excellente nouvelle, c’est le thème du prochain article de notre série sur le véhicule électrique !
