COP 29 : on fait le bilan !
Bakou, dimanche 24 novembre. Les dirigeants du monde entier quittent l’Azerbaïdjan après deux semaines d’intenses négociations.
La COP29 vient de refermer ses portes, aboutissant, in extremis, à un accord signé entre les parties. Soulagement pour les uns, déception pour les autres, cet accord est loin de faire l’unanimité.
Tentons ici de décrypter ce qui s’est joué lors de cette COP !
Qu’appelle-t-on une COP ?
L’acronyme COP signifie « Conférence Of the Parties ». Ces sommets internationaux sont organisés annuellement dans le cadre de la convention cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC). Les COP rassemblent un peu moins de 200 pays signataires.
Leur objectif est ambitieux : créer les conditions d’une coopération internationale pour accélérer l’action climatique à l’échelle mondiale.
Dans le détail, les COP permettent :
- De sceller des accords internationaux et de suivre leur application
- De fixer des objectifs climatiques (communs et par état)
- D’encourager le déploiement de politiques climatiques ambitieuses (évaluation, suivi…).
- De renforcer la coopération entre les états
- De mobiliser des financements, notamment pour les pays en développement
Rappelons un fait scientifique instructif : quel que soit le lieu d’émission des gaz à effet de serre, la circulation atmosphérique les « mélangent » mondialement en 1 année environ. Causes locales mais conséquences mondiales. La lutte contre le réchauffement climatique est donc, par définition, un sujet mondial. La coopération internationale est donc essentielle.
Les COP sont-elles vraiment utiles ?
Les COP se déroulent chaque année et les émissions de gaz à effet de serre continuent d’augmenter.
Ce graphique, assez populaire sur les réseaux sociaux, sous-entend que les COP sont inutiles. Il présente la courbe de la concentration en CO2 de l’atmosphère qui semble indifférente aux principales COP successives.
Ce raccourci simpliste est pourtant trompeur.
Des décisions prises à l’occasion de certaines COP ont produit des effets concrets sur les émissions de gaz à effet de serre. Prenons ici trois exemples :
- COP3 de Kyoto (1997) : premier accord imposant des réductions d’émissions de gaz à effet de serre aux pays industrialisés
- COP21 de Paris (2015) : engagement mondial sur une limite de réchauffement à horizon 2100. Maximum +2° par rapport à l’ère préindustrielle, voire +1,5° et introduction des Contributions Déterminées au niveau National (CDN).
- COP26 de Glasgow (2021) : engagement de 23 pays pour sortir du charbon et pression accrue sur les autres pays
Par ailleurs, ces COP attirent incontestablement les projecteurs médiatiques sur la question du climat. Elles contribuent à la prise de conscience et à la mobilisation citoyenne.
Quel est le bilan de cette COP29 ?
Des vents contraires
Cette COP29 s’est ouverte dans un climat de doute, voire de défiance. Rappelons le contexte en quelques mots.
D’abord, le pays hôte et ses représentants ont tenu des propos très favorables aux énergies fossiles. L’Azerbaïdjan est un pays producteur de gaz et de pétrole.
Ensuite, cette COP s’est déroulée quelques jours après l’élection de Donald Trump et la possibilité d’une sortie des Etats-Unis de l’accord.
Enfin, l’échec de la COP16 pour la biodiversité, juste avant la COP29 sur le climat a rappelé au monde les difficultés de la coopération internationale.
Un objectif pourtant majeur
Cette année, l’objectif de la COP portait essentiellement sur le financement climatique, c’est-à -dire les moyens mobilisés pour lutter contre le réchauffement (atténuation) et prévenir ses conséquences (adaptation).
Le GIEC l’a rappelé dans son dernier rapport : la transition nécessite des investissements et son financement est une condition indispensable à l’atteinte des objectifs climatiques mondiaux.
Et même si certains états rechignent à mobiliser des financements, le GIEC rappelle aussi que le coût de l’inaction sera bien plus élevé que le coût de l’action.
En résumé, mieux vaut anticiper et investir maintenant plutôt que subir plus tard le résultat de notre inaction. Ce qui semble évident en théorie se complexifie en pratique : qui paie ? combien ? sous quelle forme ? À quelle échéance ?
Si les énergies fossiles sont un « cadeau de Dieu »… comme l’a déclaré le président de l’Azerbaïdjan, le « diable » se cache dans les détails de la finance climatique.
Un accord signé mais contesté
La COP29 a dû jouer les prolongations pour aboutir à un accord. Cet accord n’a pas fait l’unanimité. Il a été salué par certains et critiqué par d’autres.
Un élément très concret est présent dans le rapport final : le montant du financement mondial annuel passe à 300 milliards de dollars. Les pays en développement espéraient le double. Rappelons qu’il s’élevait à 100 milliards avant cette COP.
Les modalités de versement ont aussi fait l’objet d’âpres débats, et notamment cette question clé : qui verse le financement à qui ? La Chine a été sommée de rejoindre les « pays riches » financeurs mais a réussi à s’y opposer. Du coté des pays en développement, les 45 membres du groupe des PMA (pays les moins avancés) ont fait pression pour obtenir davantage d’aides.
Au chapitre du verre à moitié vide, on retrouve l’absence de mentions explicites sur la sortie des énergies fossiles. Cette absence est un recul par rapport à la COP28.
Après cette édition en demi-teinte, les regards se tournent désormais vers le Brésil qui accueillera la COP30. D’ici là , les états devront soumettre une nouvelle version de leurs ambitions à travers les Contributions Déterminées au niveau National (CDN). Ces documents, très attendus car publiés tous les 5 ans, seront le prochain moment de vérité en matière de politiques climatiques.
Souhaitons qu’un sursaut collectif nous permettent de rehausser nos ambitions.