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Le retrofit permet-il vraiment de décarboner la mobilité ?

4 min de lectureTransition énergétique
Chiffres à l’appui, quel est le réel potentiel du retrofit pour décarboner la mobilité ?
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En juin dernier, nous avons eu la chance d’interroger Jean-Jacques SERRAF, Directeur général de QINOMIC Mobilities et responsable de la filière retrofit chez MOBILIANS.

Durant cet entretien passionnant, Jean-Jacques SERRAF nous a exposé sa vision du secteur et de la filière. Le cabinet Carbone 4 vient justement de publier une étude1 comparative sur les impacts environnementaux et économiques du retrofit.

Qu’appelle-t-on retrofit ?

Reprenons-ici la définition que nous avait proposé Jean-Jacques SERRAF : « le retrofit, c’est une solution technique qui permet de transformer un véhicule thermique existant en un véhicule 100% batterie électrique ou à pile à combustible (hydrogène).

Remplacer un moteur thermique par un moteur électrique, tout en prolongeant la durée de vie de la structure du véhicule, c’est intuitivement une opération qui semble faire sens à l’heure de l’urgence climatique.

Le potentiel de croissance du secteur semble significatif : Jean-Jacques SERRAF anticipait 100 000 véhicules retrofités d’ici 2027-2028 et probablement le double d’ici à 2030. Une raison supplémentaire de s’assurer qu’il ne s’agit pas d’une « fausse bonne idée », comme il en existe parfois en matière de transition énergétique…

Quel est le périmètre de cette nouvelle étude ?

L’étude réalisée par le cabinet de référence Carbone 4 établit une analyse comparative de 3 scénarios :

Notons que le scénario « retrofit » prévoit des batteries de moindre capacité que dans le scénario « électrique neuf ». En effet, dans le cadre d’un retrofit, le véhicule dispose généralement de moins d’espace pour les batteries que dans un véhicule nativement développé pour être électrique. Ces 3 scénarios ont été réalisés sur 3 types de véhicules : une voiture de type citadine, un véhicule utilitaire et un autobus.

Enfin, cette étude mesure l’impact des différents scénarios selon 3 axes : l’impact carbone, l’intensité matière et le coût. En cela, cette étude est particulièrement intéressante car elle associe considérations environnementales et considérations économiques. En effet, une « simple » étude environnementale est souvent insuffisante pour convaincre les décideurs de choisir une solution plus vertueuse. L’étude de Carbone 4 permet une analyse plus complète du sujet.

Quels sont les résultats obtenus ?

Les résultats en matière d’empreinte carbone

Pour les gaz à effet de serre, les résultats sont sans appel : le retrofit ou l’achat d’un véhicule électrique neuf sont bien meilleurs que la conservation du véhicule thermique. Les émissions générées par la fabrication du véhicule électrique neuf ou par l’opération de retrofit sont très largement compensées par les émissions évitées durant les phases de roulage.

On parle d’environ 85% d’émissions en moins grâce au retrofit ou à l’achat d’un véhicule électrique neuf comparativement à la conservation du véhicule thermique.

Cette affirmation est valable quel que soit le type de véhicule (citadine, utilitaire ou autobus). Entre le retrofit et l’achat d’un véhicule électrique neuf, l’avantage en termes de gaz à effet de serre va au retrofit. En effet, conserver le châssis et la carrosserie évite des émissions.

Le graphique ci-dessous évalue les différents scénarios (A : conserver le thermique / B : véhicule électrique neuf / C : retrofit).

Les résultats en intensité matière

En ce qui concerne l’intensité matière, l’option qui consiste à converser son véhicule thermique est logiquement la meilleure. En effet, cette option ne nécessite aucune production supplémentaire. Seule la fabrication initiale du véhicule est comptabilisée.
En comparant le retrofit à l’achat de véhicule électrique neuf, le retrofit l’emporte car il nécessite moins de matière grâce à la conservation du châssis et de la carrosserie.

Les résultats économiques Last but not least, parlons euros ! C’est une donnée cruciale à prendre en compte quant à l’intérêt de retrofiter une flotte automobile.

Les résultats sont là aussi assez clairs mais dépendent du type de véhicule :

Des résultats qui semblent très cohérents avec les propos de Jean-Jacques SERRAF qui nous expliquait « que l’un des segments les plus prometteur était celui des véhicules utilitaires : ils offrent des valeurs résiduelles plus importantes. Par ailleurs, ils disposent souvent d’équipements spéciaux. Avec le retrofit, on conserve ces équipements, ce qui permet d’amortir encore davantage l’investissement du retrofit ».

En conclusion…

Les chiffres le montrent : le retrofit est une solution utile pour décarboner la mobilité.

Retrofiter un véhicule permet de prolonger la durée de vie du châssis et de la carrosserie d’un véhicule, tout en électrifiant son mode de propulsion. C’est d’ailleurs le moyen le plus pertinent pour sortir définitivement des véhicules thermiques du parc en circulation. D’un point de vue économique, la solution parait pour l’heure plus adaptée aux véhicules utilitaires et aux autobus. Acheter un véhicule particulier électrique neuf reste l’option la plus avantageuse en termes de TCO.

Le retrofit est donc une technologie qui s’inscrit dans la palette de solutions à notre disposition pour décarboner la mobilité. Ses caractéristiques en font un outil adapté à certaines flottes aux caractéristiques spécifiques (VUL, véhicules aménagés, tournées quotidiennes avec peu de kilomètres…). Il intervient en complément d’autres solutions comme la mutualisation des trajets ou le développement des mobilités actives.

1https://www.carbone4.com/analyse-retrofit-vehicules

Publié le 16 octobre 2024
16 octobre 2024
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