JO : A l’épreuve de la mobilité !
Ne comptez pas sur le Belem pour vous déplacer sur la Seine cet été à Paris. Le magnifique bateau qui a assuré la traversée de la flamme olympique entre le Grèce et Marseille ne fait pas partie du plan de mobilité.
Fort heureusement, d’autres moyens de transport seront disponibles pour permettre les déplacements des visiteurs et des Parisiens. Si des craintes légitimes s’expriment sur l’organisation de la mobilité cet été, elles ne doivent pas occulter l’héritage que laisseront ces jeux Olympiques et Paralympiques (JOP) en matière de mobilité. Et si nous regardions ces Jeux comme un accélérateur de la transition écologique en matière de mobilité ?
Quelques chiffres vertigineux
Avant d’entrer dans le vif du sujet, quelques chiffres pour nous rendre compte du défi logistique que représentent ces Jeux Olympiques.
Pour ces JOP à Paris, 15 000 athlètes, 10 000 millions de spectateurs, et 120 chefs d’Etat et de gouvernement sont attendus. Côté logistique, les flux de marchandises devraient doubler par rapport au rythme normal avec 8 millions de livraisons ou d’enlèvements par semaine ! L’Etat précise l’enjeu et les priorités :
« Les transports sont un élément clé de la réussite des Jeux Olympiques et Paralympiques. Proposer une offre de transports fiable, efficace et décarbonée et garantir le déplacement des spectateurs tout en permettant la continuité d’activité de la vie sociale, économique et culturelle sont les deux priorités de l’Etat en matière de transports ».
Des ambitions fortes
Dès la candidature de Paris, le comité d’organisation s’est engagé à proposer une offre de mobilité la plus « verte » possible.
Le comité a notamment pris un engagement fort et structurant : « 100% des sites accessibles en transports en
commun ».
Christophe Béchu, le ministre de la Transition écologique va même encore plus loin :
« Nous avons l’objectif d’atteindre 100 % de spectateurs dans les
transports en commun ou en mode actifs ».
En employant l’expression « modes actifs », Christophe Béchu fait notamment référence à la marche ou au vélo. Pour réussir ces Jeux Olympiques, l’urgence climatique nous impose de penser la mobilité de façon la plus décarbonée possible.
Des réalisations durables
Prolongement de lignes
La priorité a été donnée à l’optimisation de l’existant plutôt qu’à la création de nouvelles infrastructures. Cet « existant » modernisé, optimisé, voire prolongé doit offrir aux voyageurs des solutions multimodales efficaces et fiables.
Regardons plus précisément ce qui a été réalisé :
-Prolongement de la ligne 14 au Nord (Saint-Denis Pleyel) et au sud (Orly). -Prolongement du RER E jusqu’à Nanterre -Prolongement du tramway T3b à la porte Dauphine en passant par la Porte Maillot -Et d’autres aménagement pour fluidifier la mobilité : franchissement urbain de Pleyel, réaménagement de la Gare du Nord, réaménagement de la porte Maillot.
Ces réalisations seront un héritage des JOP et bénéficieront aux Franciliens pour leur mobilité du quotidien. Au-delà de ces améliorations d’infrastructure, des moyens considérables seront mobilisés pour augmenter la fréquence des transports en commun pendant la période olympique. Pour les bus, tramways et trains, on prévoit +15% de fréquence, voire jusqu’à +60% pour les lignes qui desserviront directement les sites de compétition.
Accessibilité
Pour rendre ces jeux inclusifs, la France se devait d’améliorer l’accessibilité de son offre de transport. Pour y parvenir, les organisateurs ont travaillé sur différents axes :
-Améliorer les infrastructures pour rendre les gares et les stations de métro plus accessibles. 90% du trafic en tramway, RER et train sera couvert par une gare ou une station accessible en Île-de-France. -Renforcer l’offre de transport adaptée avec 200 navettes pour les personnes à mobilité réduite (PMR) et leurs accompagnants et le recours à une flotte de 1 000 taxis accessibles aux PMR. -Former les agents et les volontaires pour garantir un accueil de qualité dans les transports et dans les sites olympiques
Là encore, les infrastructures modernisées pour permettre une meilleure accessibilité resteront unhéritage des Jeux Olympiques précieux pour améliorer le quotidien des usages sur la durée.
Réseau cyclable
Enfin, il serait inconcevable d’organiser des Jeux Olympiques en 2024 sans intégrer pleinement le vélo comme moyen de transport. L’organisation l’a bien compris en misant sur le vélo :
« L’usage du vélo doit prendre une place importanteen devenant un mode de déplacement complémentaire aux transports en commun, voire de substitution.Cette mobilité douce désengorge les transports en commun en période de forte affluence et limite les émissions de CO2 ».
Pour y parvenir, la priorité a été mise sur la réalisation de pistes cyclables. Toutes les études le montrent : sécuriser les trajets à vélo, en créant de zones de circulation spécifiques, est un élément indispensable pour développer la pratique.
415 kilomètres de voies cyclables permettront de rejoindre les sites des épreuves. Ces pistes sont annoncées comme des « itinéraires protégés continus ».
Sur ces 415 kilomètres de voie vélo olympiques, 120 kilomètres ont été créés spécialement pour l’occasion. Ils seront là encore un héritage pérenne des JOP pour assurer la mobilité quotidienne des Franciliens.
Se rendre aux épreuves à vélo, c’est bien. Retrouver son vélo à la sortie du stade, c’est encore mieux. Des moyens significatifs ont été mobilisés pour sécuriser le stationnement en créant spécialement 20 000 places de stationnement vélo.
A l’issue des JOP, la moitié de ces places demeureront sur la voie publique pour le plus grand plaisir des « vélotafeurs » du Grand Paris... Ces héritages pour la mobilité quotidienne des Franciliens seront-ils suffisants pour « compenser » les désagréments qu’ils risquent de rencontrer cet été ? C’est ce que nous analyserons jeudi prochain en nous intéressant à l’impact des JOP sur la mobilité quotidienne pendant la période des épreuves olympiques !