Episode 4 | Véhicule électrique : vers l’infini et l’au-delà ?
Place au quatrième article de notre série consacrée au véhicule électrique. Cette semaine, on s’intéresse à un sujet qui passionne les Français : l’autonomie des véhicules électriques !
Soyons directs : le manque d’autonomie des véhicules a longtemps été un frein majeur au passage à l’électrique. Qu’en est-il aujourd’hui ?
L’autonomie des véhicules électrique est-elle toujours le maillon faible de l’électrification de la mobilité ?
Et si on dépassionnait ce sujet de l’autonomie ?
Avant d’entrer dans le vif du sujet, tentons de le dépassionner en le remettant à sa juste place.
La quasi-totalité des trajets est inférieure à l’autonomie du véhicule.
En moyenne, les Français parcourent 31 kilomètres par jour en voiture… 82% des européens font moins de 100 km par jour. Est-il vraiment si crucial de disposer d’un véhicule avec plusieurs centaines de kilomètres d’autonomie ?
« Oui, c’est valable toute l’année, mais comment je fais quand je pars en vacances ? » Vous avez probablement déjà entendu cette objection dans la bouche d’un conducteur de véhicule thermique réticent au changement.
Ce n’est pas parce qu’il fait -10 degrés une fois dans l’année que je porte chaque jour un bonnet et des gants en prévision de ce seul jour glacial. Dimensionner son véhicule pour un trajet si exceptionnel que le départ annuel en vacances est quasi aussi incongru que notre analogie du froid et du bonnet. Elon Musk, fondateur de Tesla, appuie cet argument avec ces propos tenus en 2022 :
« Nous aurions pu produire des Model S de 600 miles d’autonomie (1000 km) il y a déjà un an, mais ça n’aurait pas amélioré le produit selon moi, car 99,9% du temps, cela reviendrait à transporter une masse de batterie inutile ».
Recharger partout, tout le temps
Avec le véhicule électrique, le plein d’énergie ne se fait pas durant le trajet, mais plutôt avant ou après.
En effet, selon l’association nationale pour le développement de la mobilité électrique (AVERE) plus de 90% des recharges de véhicule électrique se font à domicile ou au travail.
Ne raisonnons pas par mimétisme avec les habitudes ancrées du véhicule thermique.
Même en itinérance, on ne charge pas sa voiture électrique comme on faisait le plein de son véhicule thermique. Avec le développement massif du réseau de bornes de recharge (nous en parlions ici la semaine dernière), la station-essence de bord de route est remplacée par une borne présente à chaque arrêt (dans un magasin, sur un parking…) pour profiter astucieusement des arrêts afin de recharger le véhicule.
Cette donnée permet de relativiser l’importance de l’autonomie et de la recharge en itinérance.
Où en sont les véhicules les plus récents ?
Les progrès des constructeurs automobiles en matière d’autonomie sont considérables. Aujourd’hui, les véhicules les plus performants permettent de rouler jusqu’à 700 kilomètres sans recharger son véhicule.
C’est, par exemple, le cas du nouveau véhicule phare de Peugeot, le 3008 en version électrique qui affichera 700 kilomètres d’autonomie pour le modèle qui dispose en option d’une batterie de 98 kWh.
Les autonomies sont les plus longues pour les véhicules les plus capacitaires, notamment les SUV, qui embarquent plus facilement davantage de batteries. Cela dit, les citadines ne sont pas en reste avec des autonomies largement suffisantes pour leurs usages.
La dernière version de la Renault Zoé affiche, par exemple, une autonomie de 390 km.
Si on peut se réjouir des progrès réalisés, des doutes peuvent persister quant au maintien de ces performances pour toute la durée de vie du véhicule. Rassurons-nous, une batterie conserve au moins 70% de son autonomie au bout de 8 à 10 ans.
Une chose est certaine : les progrès techniques vont se poursuivre. Ils devraient même s’accélérer. En effet, avec le plan « Fit for 55 », qui vise à décarboner l’Europe, l’Union européenne a envoyé des signaux extrêmement clairs au marché. L’interdiction de la vente de véhicules thermiques neufs en 2035 est une des mesures les plus emblématiques.
Les batteries évoluent et des technologies prometteuses arrivent sur le marché. C’est le cas, par exemple, pour les batteries solides qui pourraient faire baisser le poids des véhicules ou pour les batteries cylindriques qui devraient accélérer le temps de recharge.
Ces signaux clairs offrent de la visibilité à l’écosystème qui investit massivement pour ne pas rater la révolution en cours.
Comment maximiser l’autonomie de son véhicule ?
La question de l’autonomie ne se réduit pas au choix du véhicule. Elle dépend aussi des habitudes du conducteur et des conditions de trajet. Citons ici les principaux facteurs qui influencent l’autonomie restante.
- La vitesse du véhicule. Plus on roule vite, plus la batterie se décharge vite. Les longues sections d’autoroute ne sont pas les meilleures alliées de l’autonomie. Bonne nouvelle, c’est précisément le long des autoroutes qu’on trouve le plus de bornes ultra-rapides de recharge.
- Le style de conduite. Une conduite « éco » avec des anticipations et des accélérations progressives peut augmenter l’autonomie d’environ 10%. Un conducteur de véhicule électrique expérimenté saura aussi tirer parti des phases de freinage et de décélération qui rechargent la batterie en roulant. Enfin, la plupart des véhicules électriques disposent d’un mode « éco » qui aide le conducteur à adopter une conduite vertueuse.
- La température extérieure. Les batteries ont une autonomie optimale à des températures tempérées. Les froids ou les chauds extrêmes réduisent ponctuellement l’autonomie du véhicule.
- Le poids du véhicule. Un véhicule très chargé, en passagers ou en bagages, aura besoin de plus d’énergie pour se déplacer, ce qui affecte logiquement son autonomie.
- Le type de routes. Centre-ville ou campagne, plaine ou montagne… autant de situations différentes qui jouent sur la consommation d’énergie, et donc sur l’autonomie du véhicule.
Cas pratique : l’autonomie à l’épreuve du long trajet
La théorie, c'est bien, la pratique, c’est mieux.
Soyons concret et attaquons-nous au type de déplacement qui met l’autonomie des véhicules à rude épreuve : le long trajet.
En voiture pour un Toulouse-Paris que nous réalisons avec une Kia e-Niro. Ce véhicule est annoncé avec une autonomie de 460 km. Sur autoroute, cette autonomie se réduit à 300 km.
Sur le papier, ce Paris-Toulouse de 680 km paraît bien effrayant pour l’autonomie de ce véhicule… et pourtant.
Nous partons de Toulouse avec un véhicule chargé à 100%.
Nous réalisons un premier tronçon de 1H50 pour effectuer 200 km. Une pause s’impose et nous prenons 40 minutes pour déjeuner sur une aire d’autoroute, ce qui permet de récupérer 42 kWh sur une borne de recharge rapide.
Reprenons la route pour un second tronçon de 200 km réalisé en 1H40, puis nouvelle pause plus courte de 35 minutes permettant de récupérer 40 kWh.
Une seconde pause-recharge suffisante pour terminer le trajet et combler les 280 derniers kilomètres qui séparent cette aire d’autoroute de la destination finale : Paris. Le véhicule arrive avec une batterie chargée à hauteur de 15%. Une marge confortable pour voyager sereinement.
En résumé, le véhicule aura été rechargé 1h15 sur un trajet de 680 km effectué en 6h de temps de conduite. Un temps de pause tout à fait comparable à ce que prendrait un conducteur de véhicule thermique pour voyager en toute sécurité. CQFD !
Gardons aussi en tête qu’il existe des alternatives à la voiture individuelle pour ce type de trajet. Par exemple, un Crédit Mobilité peut à la fois couvrir les besoins quotidiens avec une petite voiture électrique et les longs trajets avec la cagnotte qui finance le billet de train.